Question de X. : Dans l’injonction « S’aimer soi-même pour aimer les autres », que signifie exactement « s’aimer soi-même » ?
Qui répond ?
Je veux bien répondre !
On t’écoute, Laina !
Dans mon regard, s’aimer soi-même, c’est faire, dans l’instant, le travail d’acceptation de notre infirmité, de notre handicap, de notre impossibilité, ou en bref : de notre imperfection. La plupart du temps, sur votre planète, vos vies se déroulent comme une lutte constante dans laquelle vous voudriez être autre chose que ce que vous êtes. Vous voulez toujours être meilleurs et, dit comme ça, ça parait une bonne chose, mais si vous vous intéressez à l’intention qui se trouve derrière ce désir d’être meilleur, c’est presque toujours celui de ne pas vous voir imparfaits. N’es-tu pas d’accord ?
Oh si ! Je crois que quiconque souhaitant sincèrement commencer à regarder comment il fonctionne tombe rapidement sur ce constat : on passe notre temps à compenser notre imperfection.
Oh, même pas à la compenser, mais à vous faire croire que vous la compensez, alors que vous ne faites que rejeter loin de votre regard ce dont vous n’êtes pas fiers en vous. Et le mot est faible ! Vous passez votre temps à vous cacher, ainsi qu’aux autres, la réalité de ce que vous pensez de vous.
C’est vrai ! Alors, s’aimer soi-même, ce serait reconnaitre notre imperfection ?
Oui, ou en tout cas apprendre à le faire, parce que ce n’est pas facile ! Il faut s’être accordé beaucoup d’attention pour commencer à comprendre quelles sont les blessures que nous cherchons à cacher. Et cette attention que vous vous accordez, pour mieux comprendre comment vous fonctionnez, c’est déjà de l’amour. C’est déjà prendre soin de soi que s’accorder cette attention. Puis, à force de vous observer, vous allez apprendre à accueillir cette propension que vous avez tous à vouloir camoufler vos blessures les plus profondes. Cette étape aussi, celle de l’accueil de votre imperfection, est aussi de l’amour. Dès lors, s’aimer soi-même c’est aussi parvenir à accepter, jusqu’à en être bouleversé, cette incompétence que vous portez, et qui vous fait passer de peur en colère et de colère en tristesse. Cet accueil pour le petit enfant blessé que vous êtes, c’est ça s’aimer soi-même. Et vous constaterez qu’autant vous êtes parvenus, dans une situation donnée, à vous donner cet amour, autant vous êtes capables de le ressentir pour autrui. Et cela pour une bonne raison : C’est le même regard ! Si vous avez été capables de percevoir et d’accepter votre infirmité du moment, vous serez aussi capables de percevoir et d’accepter, plus facilement, l’infirmité de l’autre. C’est le même regard. L’amour est un regard. L’amour, c’est l’attention que vous portez avec tendresse, douceur et consolation, que ce soit sur l’enfant blessé que vous êtes, ou sur l’enfant blessé qu’est l’autre qui se trouve face à vous.
Voilà ce que je pourrais répondre à X. avec mon expérience !
Merci Laina ! Ta réponse est touchante !
Eh bien, ce que tu nommes « touchante », c’est un aspect de l’amour, qui est en même temps cause et conséquence.
Et ma réponse ne serait pas complète dans cet axe si je ne rajoutais pas que cet amour pour vous va se traduire dans une action, qui sera la concrétisation de ce chemin de tendresse. Et cela aussi, cet acte conscient, c’est de l’amour pour vous.
Merci pour vos questions !
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